Sous le drapeau noir by WARRICK Joby

Sous le drapeau noir by WARRICK Joby

Auteur:WARRICK, Joby
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: LE CHERCHE MIDI
Publié: 2016-10-06T00:00:00+00:00


En juillet 2004, l’administration Bush annonça qu’elle augmentait la récompense pour toute information permettant la capture de Zarqaoui, son montant passant de 10 à 25 millions de dollars. Le même prix que pour la tête de Ben Laden.

Zarqaoui fêta son ascension dans la liste des criminels les plus recherchés par une vidéo qu’il posta sur les sites djihadistes. Il y était présenté sous son nouveau surnom préféré – le « cheikh des égorgeurs » – et sa voix débordait d’assurance. Il y parlait de plusieurs guerriers musulmans célèbres, tel Moussa Ibn Nusayr, héros de la conquête islamique de l’Espagne, évoquant implicitement sa propre place dans l’histoire des grands hommes. Puis, avec passion, il appelait les musulmans d’Irak et du reste du monde à venir le rejoindre :

« Ceci est un appel à l’aide venu des profondeurs, à l’attention des lions de Bagdad et d’Al-Anbar, aux héros de Diyala et Samarra, aux tigres de Mossoul et du Nord : préparez-vous au combat6. »

Le public auquel tout cela était destiné savait désormais exactement de quel combat il parlait. Depuis le sauvage assassinat de Berg, les médias islamistes étaient inondés de récits de carnages inspirés par Zarqaoui. Les hommes du Jordanien avaient procédé à plusieurs dizaines d’exécutions, la plupart filmées, comme les décapitations d’un camionneur bulgare, d’un interprète sud-coréen et d’un entrepreneur égyptien. Quantité d’autres victimes devaient suivre, dont des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Autrichiens et des Italiens. Des Libanais victimes d’un enlèvement puis libérés grâce au versement d’une rançon évoquèrent des actes de torture d’une cruauté inimaginable dans des prisons de fortune : de pauvres travailleurs immigrés qui n’avaient pas d’argent pour payer leur rançon tués lentement à la perceuse électrique, d’autres victimes maintenues à terre jusqu’à ce qu’on leur arrache la langue. Les jeunes islamistes nés à l’étranger qui répondaient à l’appel au djihad de Zarqaoui finissaient le plus souvent dans une école pour kamikazes. Certains recevaient l’injonction de sacrifier leur propre vie pour détruire des cibles ; seul bénéfice de leur acte : le meurtre de quelques Irakiens innocents qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment.

En recrutant des candidats pour des attentats-suicides, Zarqaoui bravait en toute connaissance de cause une règle coranique qui interdit formellement aux musulmans de s’ôter eux-mêmes la vie. Certains érudits islamiques ont soutenu que les missions-suicides à caractère militaire étaient autorisées dans certaines circonstances extrêmes, et les djihadistes ont débattu des décennies entières pour décider d’où se situait la frontière. Zarqaoui s’était jeté sur une petite faille de la loi islamique et l’avait agrandie dans des proportions absurdes, faisant appel à des imams sélectionnés avec soin pour légitimer le recours à des « opérations martyres » répondant à ses objectifs. La conséquence fut, selon plusieurs chercheurs, un déferlement d’attentats-suicides sans précédent dans l’histoire du mouvement djihadiste.

Zarqaoui l’a écrit lui-même, ces actions constituaient « l’arme mortelle » que les djihadistes avaient « en leur possession » ; « une arme avec laquelle nous pouvons infliger les plus graves blessures à notre ennemi7 ».



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